Mot-clé - rapport Bockel

Fil des billets - Fil des commentaires

29avr. 2013

Livre blanc: la cyberdéfense mise en avant.

Le livre blanc sur la défense et la sécurité nationale (LBDSN) a été remis officiellement au président François Hollande ce matin. Plus réaliste au vu des contraintes budgétaires, sans rompre complètement avec le précédent opus, celui-ci s'apparente à un recadrage des ambitions françaises.

Surtout, en dehors d'une homothétie du format des armées, le livre blanc de 2013 est marqué par l'essor du cyberespace et du risque de cyberattaques qui "constituent une menace majeure, à forte probabilité et à fort impact potentiel". Déjà, le préfixe "cyber" apparaît 36 fois (hors sommaire) pour 160 pages, quand il apparaissait, en 2008, seulement 6 fois pour 350 pages. C'est un facteur 10, et c'est un signe que le domaine devient un aspect fondamental de la défense et sécurité de la France:

"Le cyberespace est donc désormais un champ de confrontation à part entière."

Ainsi le LBDSN 2013 affirme que le dispositif de cyberdéfense est appelé à s’amplifier "dans les années qui viennent". De quelle manière le LBDSN entend développer ces capacités ?

Un renforcement des capacités militaires de cyberdéfense

Le LBDSN parle de capacités défensives et offensives et d'une chaîne opérationnelle de cyberdéfense "centralisée à partir du centre de planification et de conduite des opérations de l’état-major des armées". La DGA se voit confier le volet technique sans qu'une allusion à la DIRISI ne soit faite, ce qui marque selon nous un désir de conserver cet acteur sous la coupe du chef d'Etat-major des armées.

Milieu à part entière, le cyberespace se voit donc logiquement intégrer la posture permanente de sécurité (PPS). La PPS concernait la protection de notre territoire, de nos approches maritimes et aériennes mais aussi spatiales[1]. Le LBDSN inclut le cyberespace dans la protection du territoire et parle de "posture de cybersécurité". Nous sommes ici dans l'incantation et il faudra peut être définir plus précisément ce concept, quitte à créer au niveau national un niveau de cyber-menace comme ce qui est fait au sein des forces armées ou pour le plan Vigipirate.

Le LBDSN veut instituer une nouvelle composante de la réserve opérationnelle dédiée à la cyberdéfense. Il insiste surtout sur la capacité à identifier l'origine des attaques et d'évaluer les capacités d'adversaires potentiels.

Le LBDSN aborde également l'effort à fournir en terme de moyens humains "à la hauteur des efforts consentis par nos partenaires britannique et allemand". Ce vœu doit être rapproché du rapport Bockel sur la cyberdefense qui affirmait: “Avec des effectifs qui devraient être de 230 personnes et un budget de l’ordre de 75 millions d’euros, les effectifs et les moyens de l’ANSSI sont encore très loin de ceux dont disposent les services similaires de l’Allemagne ou du Royaume- Uni, qui comptent entre 500 et 700 personnes.”

Enfin le LBDSN insiste sur la nécessaire augmentation du volume des experts en informatique, et de la coopération avec nos partenaires, notamment le Royaume-Unis et Allemagne.

Des réponses aux agressions informatiques majeures

Comme évoqué récemment dans la presse, le LBDSN précise que les activités d'importance vitale verront leur standard de sécurité informatique fixé par un dispositif législatif et réglementaire.

Enfin, il est abordé une doctrine de réponse aux agressions informatiques majeures. Celle-ci repose sur deux manœuvres: celle de la prévention qui sera coordonnée sous l'autorité du premier ministre. Et celle de l'intervention qui se veut être une réponse globale et ajustée faisant appel à divers moyens diplomatiques, juridiques et policiers. En fonction des circonstances, les moyens de la défense seraient utilisés de façon graduée.

Un livre blanc de crise où la cyberdéfense voit son poids renforcé

Ainsi au milieu des réductions tout azimut, la cyberdéfense voit son importance affirmée. Il reste à voir en fin d'année si ces mots seront suivis d'effets budgétaires, lors de la loi de programmation militaire.

Note

[1] L'armée de l'air possède des capacités de détection et de suivi des objets spatiaux, notamment grâce au radar GRAVES