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03fév. 2014

Rétrospective 2013

2013, Snowden, An 1

2013 restera d'abord à jamais marquée par l'affaire Snowden. Même si les révélations faites par Snowden n'ont rien eu de révolutionnaires - après tout on se doutait que les services secrets menaient des actions clandestines y compris dans la sphère cyber; elles ont permis de donner un contour aux fantasmes et allégations auxquels ont pouvait se laisser aller. L'ampleur et la sophistication du système NSA dépasse largement ce à quoi on pouvait s'attendre: en terme d'échelle mais aussi de sophistication. Comme les États-Unis savent le faire dans le domaine de certains projets restés secrets (comme leurs avions furtifs...) ils ont su conserver une longueur d'avance dans le domaine.

Reste que globalement, ces révélations ont surtout régalé les spécialistes du secteur et n'ont pas changé grand chose à la conscience collective. Et ce n'est pas la fuite de plus de 800.000 comptes-client d'abonnés Orange, information passée presque inaperçue à côté d'une vidéo de chat se faisant maltraiter qui viendra nous faire mentir.

Aujourd'hui, la protection de la vie privée dans le cyber espace n'est pas une préoccupation de la majorité des citoyens.

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Edward Snowden (credit photo Wikipedia)

La cyber défense entre incantation et opacité

2013 c'est aussi l'année du nouveau Livre Blanc sur la Défense et la sécurité. Celui-ci a laissé transparaître une volonté forte d'investir dans la cyberdéfense. A ce jour toutefois il n'y a pas eu de grandes manœuvres, tout au plus quelques annonce du ministre Jean Yves le Drian qui a placé la Bretagne au centre de ses efforts en renforçant des structures déjà existantes à Bures.

Aussi dans son discours prononcé à Rennes le ministre avait détaillé 5 "axes d'effort":

  • Le développement d'une capacité offensive au niveau de l'Etat
  • 350 personnels d'ici 2019 et un effort au sien du ministère de la défense en partenariat avec nos alliés
  • la colocalisation des centres de surveillance relevant de l’ANSSI et de la chaîne cyber des armées, avec une nouvelle doctrine "de cyberdéfense militaire" à paraître
  • le renforcement de la base industrielle de technologies de défense et de sécurité nationale en encourageant la R&D
  • Le développement de la réserve citoyenne et opérationnelle

Naturellement eut égard au caractère toujours très confidentiel des attaques informatiques et des moyens pour les contrer, il ne faut pas s'attendre à voir, comme dans d'autres domaines, tous les efforts du ministère rendus publics.

Un effort de long terme

Bien sûr, dans le domaine il ne fallait pas s'attendre à une révolution. D'abord parce que l'investissement est en partie "virtuel" et fait bien moins de bruit qu'un Rafale pleine post-combustion, mais surtout parce que c'est un travail de longue haleine qui repose d'abord sur les compétences et expertises de spécialistes qui sont très demandés sur un marché concurrentiel.

Finalement, si l'investissement français dans la cyber défense est aussi faible, c'est d'abord parce que nos choix reposent sur des grands projets portés par des grands groupes de défense et d'armement. Le produit précède la mission. Le besoin passe au second plan devant la nécessité de remplir les carnets de commande des industriels du secteur (A400M, Rafale, Leclerc etc. ...). Si ces programmes -qui sont souvent de vraies réussites technologiques et industrielles permettent en plus de remplir la mission, tant mieux. Mais clairement, ces grandes directions dessinées 20 à 30 ans avant la mise en service sont de vrais paris sur l'avenir, qui se révèlent, trop souvent être perdants.

Cette situation n'est pas complètement scandaleuse. Avoir un tissu industriel et de défense dynamique présente aussi un intérêt majeur pour la défense française: elle représente un enjeux de souveraineté et participe au dynamisme global de l'économie qui est indirectement dans l’intérêt de la défense.

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Logiciel Catia 3D de Dassault Systèmes (credit photo DS - 3ds.com)

Avec ces données structurelles, il faut donc souhaiter que l'offre en matière de cyber défense et cyber sécurité s'étoffe au niveau national et européen. Tous les géants de la défense américaine ont pris ce tournant vers la cyber défense au début de la décennie. La France qui possède un beau potentiel en la matière (nombreuses SSI, écoles d'ingénieurs de haut niveau), doit s'engager sur la même voie. Dassault, dont la filiale Dassault systèmes spécialisée dans le logiciel de conception 3D est une belle réussite, est par exemple le grand absent de ce marché prometteur.